CHEZ NAZIRA
Sous la brume, le lac joue les fantômes.
Derrière lui, les sommets qui marquent la frontière chinoise plafonnent à 5000 mètres.
Derrière lui, les sommets qui marquent la frontière chinoise plafonnent à 5000 mètres.
La gelée blanche ne nous surprend qu’à moitié. La nuit fut fraîche, le réveil est
glacial. Nous plions la tente avec les doigts gourds. Les yacks ont disparu. Le
vent violent est frigorifiant, mais le soleil resplendit, et nous remontons
jusqu’au col avec entrain, réchauffés par la marche. Une fois en haut, nous ne nous attardons pas à
contempler les terres que nous quittons, je vacille sous les bourrasques qui
viennent du sud, et nous nous réfugions sur le versant abrité.
Plus bas, il fait chaud sur les « alpages ». Quelques marmottes
sifflent l’alarme à notre passage. Elles n’ont pas l’audace de
leurs cousines du Pamir, et ne nous contemplent pas avec curiosité par familles entières.
Premier trajet du sud vers le nord, sur nos propres pas :
nous retournons au caravansérail.
nous retournons au caravansérail.
Au campement, un minibus est là. Nazira nous apprend que
nous aurions dû croiser quatre français et leur guide, partis admirer le lac
depuis le col. Ils vont revenir bien contrariés après s’être perdus sans
pouvoir atteindre leur objectif. Pour eux le grand lac le plus haut du pays restera
mystérieux.
Ils acceptent volontiers de nous accueillir dans leur
minibus, et nous obtenons de leur chauffeur qu’il nous embarque demain pour
faire la route jusqu’à Kochkor. Son prix, 1500 soms chacun, est un peu exagéré
pour 235 km, quand le tarif des minibus publics est cinq fois moins cher.
Nous acceptons car cela nous permettra de traverser presque tout le pays d’une
traite et nous aurons ainsi largement le temps de découvrir le lac Issyk Köl.
Nous sirotons un thé dans la roulotte de Nazira avec Djoko,
jeune japonaise souriante, qui parcourt seule le Kirghizistan à vélo. Elle vit actuellement
à Bichkek et parle couramment kirghize. Il y a toujours des aventurières sur les routes de la soie.
Le hammam !
Pour alimenter le chauffe-eau du petit hammam, nous
participons à la corvée d’eau puisée dans le ruisseau avec un gros bidon.
Nous y gagnons un billet d’entrée gratuit !
La chaudière est en bas du mur à gauche,
le réservoir est bleu, le bidon est blanc.
le réservoir est bleu, le bidon est blanc.
La chaudière, nourrie de bouses, est
située dans une petite pièce attenante, près du réservoir d'eau que nous
remplissons. Elle est encastrée dans le mur et chauffe directement la salle
d’eau. L’entrée par l'autre porte permet de se déshabiller
au sec, avant de pénétrer dans le hammam où persiste la buée des précédents curistes. Pour ceux que cela étonne, j'appelle "curistes" tous les amateurs de jets d'eau, car dans ce domaine nous savons de quoi nous parlons à Roscoff !
La salle d'eau vue de l'entrée.
Sous la paroi de la chaudière un robinet et un seau permettent de
recueillir l’eau brûlante, qu’il faut couper pour ne pas
s’ébouillanter. On s’asperge ensuite avec une louche.
L’eau chaude est un confort princier que
nous avions oublié.
"Qui rissole sous l'eau par surprise, demain rissolera par plaisir" : dicton kirghize n°23.
Ici, au fin fond du
Kirghizistan, le hammam vous fournit shampoings, gels et savons : je me
crois dans ma salle de bain roscovite !
Propres et parfumés, nous dînons copieusement chez Nazira, qui nous confirme que
son excellente confiture acidulée est composée de citron et d’argouse.
Yvon, Djoko, Nazira et sa fille.
Les décorations végétales artificielles sont très prisées dans les maisons et les roulottes.
Le soir, nous nous félicitons d’être bien abrités, bien calfeutrés
dans notre yourte : une véritable tempête avec bourrasques violentes se déchaîne sous
le tintamarre des rafales de pluie. Comment aurions-nous survécu dans notre
micro-tente ?
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