jeudi 13 septembre 2012

13 : PRINCESSE COURONNÉE

DE TULLE TOUT SIMPLEMENT !




Nous longeons le lac, mais rapidement les berges marécageuses deviennent impraticables. Nous nous engluons jusqu’aux mollets. La boue pénètre à travers les chaussettes, et enduit les ongles pour huit jours au moins.




 


Dans le village de Kara Chaar nous achetons pour la première fois du sucre en poudre pour notre thermos de thé. Le thé qui nous est offert est toujours sucré à volonté, et nous croyons qu'il est notre potion magique. En outre, l’eau du lac un peu salée mérite d’être adoucie. Mais en pratique, le thé sucré-salé ne sera pas ma tasse de… thé.




A Kara Chaar, c'est l'heure d'entrer en classe. Nous croisons les écoliers toujours élégants. Je vous ai déjà présenté les garçons, c’est au tour des filles. Par contre, elle sont beaucoup plus réticentes pour les photographies, et la seule à se laisser convaincre garde un air perplexe, si ce n'est franchement bougon. 


 


L’accessoire indispensable de l'écolière est le nœud de tulle blanc, disproportionné, porté comme un fanion sur le sommet du crâne. Son volume l’apparente aux choux-fleurs "Prince de Bretagne". Ce qui n'empêche pas certaines, parmi les plus raffinées, de porter deux nœuds jumeaux. Autant d’ampleur se marie alors à une foison de barrettes ou de colifichets colorés.



La panoplie complète de tulle, de dentelle, voire de résille, toujours blanche, comprend une grande encolure à deux pointes, des poignets repliés, un tablier plus ou moins ajouré, des bas ou de hautes chaussettes. Le tout est porté sur une robe sombre qui peut être plissée ou non, parfois même bouffante en barboteuse. Le gilet cardigan sera souvent rose et le cartable sac-à-dos se devra d’y être assorti ton sur ton. Les chaussures sont ouvertes à boucle d’argent.



En classe, la profusion de tulle va de pair avec un prestige très envié. Mais nous avons oui dire que les parents se désolent devant cette frénésie d'élégance dispendieuse.


 
En tout cas, l'élégance la plus raffinée n'est jamais un handicap face aux exercices physiques !


A Baetov, qui est presque une ville, le chemisier blanc est tout simple mais la jupe "mille plis", bleu marine, est agrémentée d'une ceinture moirée. Les nœuds pourront quitter leur position dominante pour alourdir deux nattes d’ébène. Dans ce cas les chaussures sont de vernis rouge sur de hautes chaussettes blanches. Cette simplicité des chaussettes est de bon aloi.




Sur la plage d'Aral, nous n’hésitons pas à nager pour nous rincer de notre boue séchée, malgré le monstre "abyssal" qui doit nous entraîner dans son domaine. L'eau est salée, la température atteint 20° : à part le monstre, endormi ou froussard, le lac mérite bien sa réputation. Vers le nord-est, l’horizon est nu, nous nous croyons devant la haute mer.


Vers le nord, la chaîne septentrionale des Monts Célestes, est nommée Küngey Alatau,
qui signifie "chaîne ensoleillée".
Elle domine la rive la plus prisée des vacanciers kirghizes ou kazakhs.

Revenus du large, des pêcheurs bien éméchés et trop bavards nous offrent une rasade de Coca quand nous refusons la vodka. Ils insistent pour nous abandonner quatre beaux poissons. Ils n'oublient pas le papier d’argent pour les cuire en papillote sous la braise. Cette présence d'esprit suggère-t-elle que je suis médisant quant à leur tempérance ?
Malgré un peu de réticence au premier abord, je vais être ravi de cette cuisson et de cette dégustation. Yvon sait facilement se montrer plus fin cuisinier que moi !


Un peu plus tard et un peu plus loin au bord du lac, après avoir vu passer un troupeau de vaches qui rentrent à leur étable, nous allons faire un festin de rois. Les poissons sont délicieux, bien fermes, sans trop d’arêtes.

Mais qui saura les identifier ?

PS : Il s'agit probablement de la vandoise d'Issyk kul ( Leuciscus bergi ),
espèce menacée du fait de la pêche et du déséquilibre entre populations de poissons.




3 commentaires:

  1. Ah les bons poissons!Que de souvenirs, mais le nom de ces bestioles j'avoue que je n'en suis plus très sûr,des truites peut-être?De toutes façons çà n'est pas très important ils étaient très bons voilà tout.

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  2. Je pencherais plutôt pour des daurades.
    Mais comme dit Yvon, peu importe quand le goût surpasse tout.
    A la 3ème photo des petites filles, il me semble que la première à des cheveux très clairs. Est-elle d'une autre origine ?

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  3. Oui, elle a le teint et les cheveux clairs. Mais les yeux bruns. Elle a probablement un parent russe. Il faudra que je fasse un chapitre sur les immigrés russes.

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