lundi 17 septembre 2012

17 : COURSE AU TRÉSOR

OU JEU DE PISTE ?


A deux pas des maisons bleu et blanc des quartiers périphériques de Karakol, 
les arbres sont des peupliers aux lourds troncs impériaux, 
ou des bouleaux légers.



Nous quittons Karakol en minibus. Au kiosque, nous avons acheté des billets pour Tcholpon-Ata sur la côte nord du lac. Il faut attendre patiemment que le minibus se remplisse. Sur la route les limites de vitesses sont respectées, il y a des contrôles radar fréquents. Quant à l'alcoolémie, ici c'est tolérance zéro. Nous roulons sur une route goudronnée, loin des pistes poussiéreuses où tout semblait permis.
Le chauffeur est russe orthodoxe. On peut même supposer qu’il est pratiquant. 
A quoi le voyez-vous ?


A la petite croix vert translucide qui se balance devant le pare-brise.



 


Tcholpon-Ata est depuis toujours la station balnéaire la plus chic du lac. Mais c’est aussi le site de pétroglyphes kirghizes le plus facile d’accès. Pourtant, dans la rue principale, aucun passant ne sait de quoi il s’agit. Jusqu’à ce qu’une femme russe âgée comprenne le sens du mot et nous en donne la traduction locale. Elle nous en explique l'itinéraire jusqu’au bazar, puis sur la piste de l’aéroport désaffecté au bout de laquelle nous apercevrons les grilles qui protègent le site. 


 
 Le chariot d'Yvon apprécie la piste de l'aéroport.
La publicité pour ce chariot suisse vantera désormais son excellente adaptation 
à l'asphalte horizontal....

Le site ouvert n’est pas gardé. A l’entrée un plan situe schématiquement les pétroglyphes dans un immense champ de roches peu distinctes les unes des autres. Nous sommes prévenus que le soleil levant ou couchant est idéal pour distinguer les dessins. Pour nous, il est 15h, le ciel est gris, la luminosité morne, le moment ne peut être plus mal choisi. Nous n’avions pas prévu qu'il faudrait chercher une aiguille dans une botte de foin. Il y a un million de gros blocs de granite à moitié enfouis. Il y a deux dizaines de pétroglyphes répartis par ci par là. 90 % des pétroglyphes représentent des mouflons à cornes hypertrophiées plus ou moins effacés. La chasse au trésor commence.


Aire d'extension maximale des populations nomades scythes,
en comparaison avec le royaume parthe.
Comme les Parthes, les Scythes parlent persan.

Selon les guides, la datation des pétroglyphes attribués à la civilisation scythe, développée de la mer Noire au lac Issyk köl, varie du VII ème au second siècle BC. Nous avons des amis qui pensent innocemment que le temps efface tout, aussi nous leur dirons que ce sont de simples graffitis que j'ai dessinés pour payer mon verre de vodka. Cela leur plaira.
Avouons pourtant que nous sommes un peu déçus par le manque d'exubérance, ou plutôt l'absence de diversité de ces dessins gravés. 


Devant ce rare chameau, je me demande pourquoi nous avons manqué d'enthousiasme.


J'ai un peu travesti la vérité : avec un soleil adéquat, du temps et de la patience,
on y trouve quelques centaines de scènes.


La piste qui retourne vers le lac est bordée de vergers, et nous dégustons les tout derniers abricots, des poires, des pommes, des mûres. Les abricots, très réputés, ont une forme inhabituelle pour nous, ils sont fuselés à leur extrémité. Les poires nous ont été offertes par un russe, qui se présente comme tel. A Tcholpon-Ata les russes n'ont pas de complexes. Ils y sont nombreux et comme chez eux. Nous y avons même vu des joggeurs s'adonner à leur activité qui n'a rien de kirghize.

Nous passons devant une tchaïkhâné, d’où deux hommes nous hèlent pour prendre un thé accompagné de mantys, les "gros raviolis" au gras de mouton dont je vous ai parlé au chapitre 12. Encore une fois, nous sommes invités. L’un est policier, colonel 3 étoiles, et l’autre directeur de supermarché. Le premier nous invite à dormir chez lui où il est seul ce soir.



Dans sa maison, grande et moderne, nous occuperons les lits des enfants dont nous devons changer les draps et les housses de couettes malgré nos protestations. Les lits sont perpendiculaires l'un à l’autre, et il n’est pas question que la tête d'Yvon voisine avec mes pieds. C'est un peu vexant quand on sait que je plonge dans toutes les eaux que je rencontre...
Nous dînons, sur la terrasse, d’une boîte de sardines russes sans arêtes, excellentes, et de petits pois mangés au sortir de leur boîte tels quels, avec du cognac et de la vodka. "Un seul verre" de l'un et de l'autre pour moi « qui ne boit pas ». Le directeur de supermarché revient avec une boîte de petits gâteaux au miel, spécialité de Tcholpon-Ata, dont je me délecte.
Puis il faut visiter son établissement qui est le premier de ce genre que nous rencontrons. Il n’a rien à envier aux nôtres, au contraire. Ici les variétés de riz en vrac sont au nombre de six, et le meilleur, de couleur brune, vient de la région d’Och. Il coûte trois fois plus cher que les autres. Nous y trouvons des confiseries "Ferrero rocher" sans trop d'étonnement, vu l'appétit kirghize pour les sucreries. Mieux encore, dans le rayon même, contrairement aux magasins de St-Pol-de-Léon, nous sommes incités à goûter la bière « Arpa » qui est "naturelle et faite de blé comme le pain". Sans payer, ça va de soi.


Grâce à Yvon, vous venez me dire bonsoir !


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