La rivière Kurtka
Alors qu’il a plu
toute la nuit, que tout est trempé, même le pied des duvets, ce matin le soleil
brille pour nous qui demandions au ciel de nous sécher. Nous sommes bénis des
dieux au point de jouer les lavandiers ( ça existe ? ), rincer notre épiderme,
bronzer aux bord de la rivière, puis avaler avec facilité trente kilomètres sur
une piste de velours en pente douce.
"Avec facilité", c'est peut-être beaucoup
dire pour celui qui n'a pas de brouette.
« Après
le cassis des vallées hautes, vient l’argousier des bas vallons »
dicton kirghize n°9
dicton kirghize n°9
Traduction : le
cassis est plus précoce que l’argousier, mais si vous grimpez un peu, vous
cueillerez encore les fruits du premier, quand ceux du second mûrissent à point un peu plus bas.
En pratique, pour vous
: les fruits du cassis se cueillent avec une facilité déconcertante, au risque
de taches indélébiles mais indolores, quand ceux de l’argousier résistent à la
traction et cachent des épines qui ont pour fonction de perforer la peau des
doigts.
Par goût du risque,
j’ai grignoté les seconds, car j’étais resté sur ma faim devant leurs cousins
du Pamir, mais j’avoue que ce sera beaucoup plus facile sur le marché de
Bichkek, où ils sont prêts à consommer sur les étals. A vrai dire, pour le
goût, il vaut mieux en faire des confitures avec le miel des apiculteurs.
L’introduction tardive
de l’islam a permis au chamanisme de persister jusqu’au dix-huitième siècle. Aujourd’hui encore ses symboles, ramures de cervidés ou plumes de rapaces, sont
visibles sur certaines tombes. Auparavant, les tombes elles-mêmes étaient à
peine signalées par de discrètes pierres. Seuls les guerriers, les chefs
nobles, les chamans, ensevelis à l'endroit de leur mort, étaient honorés par
des mausolées de terre, qui, au fil du temps, pouvaient devenir des lieux de
pèlerinage.
Nous avons rencontré
de semblables petits mausolées, égrenés le long des pistes, loin de tout village.
Impossible de les dater, même si Gounara, la guide rencontrée au lac Song Köl,
en faisait volontiers des vestiges médiévaux. Sans remonter si loin, ils
étaient à l’évidence antérieurs à l’époque soviétique, qui a modifié les
coutumes funéraires en imposant la sédentarité.
Les grands mausolées ostentatoires se sont en effet multipliés comme moyen d'afficher son identité dans une société censée être égalitaire. Tous ces mausolées réalisant de véritables nécropoles s'ornèrent alors, selon la tradition russe, du portrait gravé du défunt.
Avec
l'appauvrissement des dernières années, et le retour à la vie nomade,
les riches monuments se voient remplacés par des silhouettes de yourtes
en métal, semblables à des cages d'oiseaux. Je vous les montrerai dans
le cimetière de Baetov.
La vallée de la Kurtka s'est élargie peu à peu,
pour déboucher sur la plaine agricole de la rivière Naryn.
Nous abordons ensuite
la vaste plaine de la rivière Naryn, dont l’altitude modérée, aux environs de
1650 mètres entre les chaînes des Tian Chan, explique la richesse agricole.
Ainsi, à l’entrée du village de Jangy-Talap, nous croisons une
moissonneuse-batteuse impressionnante.
Dans le village, nous
demandons à une mère de trois petits enfants, qui rentrent de l’école, la
permission de camper derrière sa ferme, au bord du ruisseau qui chantonne. Les
enfants sont mignons, leur mère jolie et élégante, mais la permission est
accordée sans effusion aucune. Cela nous refroidit un peu. Elle n’aura plus
aucun regard pour nous en allant et venant à proximité, quand elle viendra
faire boire ou déplacer sa vache et sa biquette.
Dernière photo : sommes nous toujours en Kirghizie ?
RépondreSupprimerQuelle est cette drôle de machine ? Une photo d'archives ? et bien non ! En agrandissant la photo, nous pouvons remarquer une tache rouge qui s'avère être un... extincteur ! Et cet engin est bien une moissonneuse batteuse (confirmée par ma mémoire de fille de paysan). Pierre, une autre piste pour avancer sur ce fabuleux récit.
Photo 1:ils font tres envie ces petits fruits,mais sont ils comestibles?
RépondreSupprimerMoi je le sais car j'y etais.Vous risqueriez-vous a y gouter?
YVON
Merci pour votre contribution sur les photos quand la page était muette.
RépondreSupprimerJ'ai eu les pires difficultés avec ma connexion, et la photo n°1 est devenue n°2, désolé, Yvon !