lundi 17 septembre 2012

POLITIQUE

Dans le chapitre 14, le dicton n°33 exigeait un commentaire. Le voici, à lire avec modération. Les opinions politiques sont toujours sujettes à controverse, et vous pouvez vous en passer si ce thème vous rebute.


"LA MECQUE EST AU SUD-OUEST, ET PARIS LÂCHE KABOUL"

L'Afghanistan

Sur cette question du retrait hors d’Afghanistan des forces de la coalition, mon avis, qui ne s’est malheureusement pas forgé sur place, est forcément trop peu argumenté. Mais voici quelques petits éléments de réflexion qui méritent d’être pris en compte.

La vision occidentale qui fait de l’Afghanistan un pays peuplé de villageois médiévaux antagonistes les uns des autres est dépassée. Les citadins représentent 1/5 ème de la population, et démentent assurément cette vision par leur intégration passionnée à la toile, qui en fait des citoyens du monde comme vous et moi. La population rurale, elle-même, se déplace volontiers en ville et côtoie le monde urbain. On dit que le persan est la troisième langue pratiquée sur internet, or le tiers du pays est persanophone. Quoi qu'on en pense, cette évolution vers une modernité a été favorisée de gré ou de force par la présence de la coalition. 

Dr Massouda Jalal


La société civile afghane est à l’écoute anxieuse des décisions et de l’empathie des populations occidentales. Ainsi, en octobre 2011 une délégation de femmes afghanes, conduite par Madame Massouda Jalal, médecin, ancienne ministre et ex-candidate à l'élection présidentielle a rencontré les représentants des institutions internationales et les parlementaires européens pour leur faire prendre conscience des menaces encourues par les femmes en cas de chute du régime. En France, elles ont été reçues par le représentant du Parti Socialiste, Pouria Amirshahi, qui sera élu député en 2012. Monsieur Amirshahi, né en Iran, est naturellement concerné. 



Lénine trône toujours à Bichkek.


L’entrée spectaculaire des chars tadjiks à Xorog en juillet 2012, sur un prétexte qui a pu sembler monté de toutes pièces, est passée pour un cri d’alerte des gouvernements d’Asie Centrale vis-à-vis des gouvernements occidentaux. Douchanbé aurait ainsi exprimé ses craintes d’une extension des conflits afghans sur son sol, en cas de retour des talibans à Kaboul. L’Afghanistan a en effet une frontière commune avec le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, et le Turkménistan. Le Kirghizistan, quant à lui, abrite sans réticence les bases militaires américaines et russes. De fait, les premiers articles sont déjà parus qui appellent à un retour de la Russie sur le terrain, sous une forme ou sous une autre, en cas de retrait des américains.

La République islamique d'Iran

L’Iran, limitrophe lui aussi, déploie une véritable armée sur sa frontière orientale pour lutter contre les trafiquants de drogue, et mène ainsi une guerre larvée méconnue. Il  est le seul refuge immédiat pour les expatriés malgré le statut peu enviable qu’il leur offre. L’Iran chiite, dont les diplomates sont les cibles des terroristes sunnites affiliés à al Qaeda, manifeste une hostilité ouverte envers les talibans, et semble plus fiable que les occidentaux dont les intérêts fluctuent en fonction de leurs opinions publiques. Il contrebalance ainsi l’influence de l’Arabie Saoudite qui officie en sous-main dans toute la région, avec la bénédiction aveugle (ou non) du Pakistan et des Etats-Unis.


 
l'Étoile et le Croissant.

Ainsi, le retrait programmé de la coalition laisse de facto la place libre à quatre dictatures : état taliban, Iran, Arabie, et Russie (point de vue européen, ça va de soi).

Ce petit couplet politique n’engage que moi, et je suis bien conscient que tout discours à ce sujet est forcément partisan et partial.
Un séjour sur place serait le bienvenu pour prendre le pouls de la population !


PS : illustration du second "commentaire" ci-dessous. 

A lire : un article de Jason Burke publié dans The Guardian,
traduit en français dans Courrier International, n°1080 (juillet 2011) :
"A Kaboul, entre vitalité et inquiétude".
 




2 commentaires:

  1. Deux semaines après avoir signé l’accord qui prolonge la présence militaire russe au Kirghizstan, Vladimir Poutine s’est assuré du maintien de la base 201 au Tadjikistan. Les soldats russes pourront y rester au moins jusqu'en 2042.
    La base 201, ouverte en 2004, est la plus vaste que possède l’armée russe à l’étranger. Elle compte environ 7 000 soldats dans ce pays qui partage une frontière poreuse avec l'Afghanistan.
    En contrepartie, la Russie s'est engagée à moderniser l'armée tadjike. Elle assurera également l'entraînement des forces armées du Tadjikistan. « Nous allons ainsi assurer la défense de nos intérêts stratégiques, renforcer la sécurité et la stabilité dans toute l'Asie centrale », s’est félicité Vladimir Poutine, qui espère voir la Russie jouer un rôle de plus en plus important dans cette région du monde, en particulier après le retrait des forces américaines d'Afghanistan en 2014.
    Correspondante à Moscou, Anastasia Becchio (extraits)

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  2. A Kaboul, entre vitalité et inquiétude :
    Depuis que la sécurité a atteint un niveau satisfaisant, les habitants de la capitale afghane profitent d’une ville en plein essor. Mais ils craignent que le départ des Occidentaux ne sonne le retour du chaos.

    On apprend dans cet article qu'en 10 ans de présence internationale la population de Kaboul est passée de 400.000 à 4,5 millions d'habitants "pleins aux as", et que le consumérisme a explosé.

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