samedi 8 septembre 2012

8 : 858 KILOMÈTRES

DE FRONTIÈRE AVEC LA CHINE


Au matin, nous atteignons sans trop de peine le col Kulak ashuu à 3400 mètres, après avoir croisé ce petit bourricot patient.




Je recopie à nouveau un de mes mails pour débuter cette journée :

Enfin, à l’horizon qui s’aplatit, des yourtes qui fument !
Dans la première, Madame va de sa tente à sa yourte, ne peut pas ne pas nous voir... 

mais rien, pas un geste d’invite ! Attitude rarissime qui nous abasourdit.
Dans la seconde, pas un chat.
Devant la troisième nous patientons un instant, et décidons d’aller voir de près si tout le monde dort ou s'est absenté. Et voilà que nous devinons la maitresse des lieux à sa baratte, dans la tente adjacente ou l’on officie.




Nous nous plantons là à sa vue. Nous accentuons nos grelottements et nos yeux mouillés jusqu’à ce qu’elle s’apitoie. Ce qui ne manque pas. Invités du geste à la rejoindre, nous nous précipitons sur le poêle. Mais ça ne fait pas notre affaire : si elle baratte elle ne fait pas le thé !
Donc Yvon propose de baratter, il s’est déjà exercé avant-hier. Elle refuse puis accepte quand elle comprend que ses fromages (que j’aime) sont sous la grêle.
Mais Yvon baratte trop vite ou trop lentement (bien sûr, il ne sait pas se tenir accroupi, il est tout de travers car il n’a pas retiré ses chaussures, et doit laisser ses pieds hors du tapis).
Moi mes chaussettes sont sur le tuyau du poêle (c’est celles qui ont déjà brulé un peu, mais moins que celles d’Yvon, dans notre propre foyer...). Bref je vais baratter à mon tour.


Vous croirez ça si vous voulez, mais nous avons baratté une heure durant, obtenu des litres de crème fraîche que nous allons goûter évidemment. Comme ça on gagne notre repas, car sinon il n'y a aucune compensation pour nos hôtes qui sont désintéressés. Oui, nous avons eu notre thé.


 

Qui saura identifier cet élégant oiseau, photographié par Yvon  ?
Il est plus fréquent en Kirghizie que les huppes fasciées croisées dans le Pamir,
dont je n'ai vu que deux exemplaires ici. 
PS : ce serait la bergeronnette (ou hochequeue, ou lavandière) grise, motacilla alba.



Après le col, la descente vers la plaine est d’une infinie lenteur,
en ligne trop droite pour réaliser que nous avançons. 
Pourtant je ne consulte pas la carte dans l'espoir de quitter la piste, 
mais pour savoir de quel côté tourner au bout, sous la montagne.
Nos vêtements annoncent-ils l'automne ? 




Nous débouchons enfin sur la route qui mène à la passe de Torugart vers la Chine. La route est si belle et si fraîche que l’enrobé est encore noir, les bas-côtés encore vierges. Nous allons la suivre sur deux kilomètres, dépassés par les camions chinois qui n’ont pas le droit de nous emmener. Devant le mutisme et l’indifférence du chauffeur qui est en panne, nous supposons qu'il n'a pas même le droit de nous regarder.  




Nous obliquons vers la chaîne Chak Tash, extrémité occidentale des Monts Célestes méridionaux, et passons devant le chantier où les ouvriers chinois s’activent à qui mieux mieux. Ils ont leurs baraquements sur place et travaillent forcément sans RTT. Grâce à ses frontières avec trois des républiques d’Asie Centrale, la Chine pèse de toute son influence pour favoriser ses transactions commerciales. Elle restaure ici les routes qui les renforcent. Elle entre sans complexes en concurrence avec la Russie qui bénéficie d’une longue histoire commune, et avec la Turquie, sœur jumelle de ces républiques par les origines et par la langue.  



La rencontre en mai 2012 entre les ministres des Affaires Étrangères chinois Yang Jiechi et kirghiz Ruslan Kazakbayev, affirme des relations de bonne amitié, bon voisinage, bon partenariat. Les échanges et la coopération dans la lutte contre le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme (sic) sont renforcés. 
Auparavant le problème des frontières avait été définitivement résolu.
"Il y a la force, et il y a l'esprit" : dicton kirghize n°97...



 


Nous franchissons à gué la rivière pour la tranquillité isolée d’une petite plateforme herbue. Il nous faut glaner des monceaux de brindilles pour enflammer les bouses sèches que nous avons récoltées. Les bouses sèches vont s’avérer un combustible très efficace. 


1 commentaire:

  1. Marie-Hervé me signale que l'appareil avec lequel nous croyons "baratter" est une écrémeuse. En fait, nous écrémons !
    Il va falloir que je corrige mon texte, et précise les techniques.

    RépondreSupprimer