dimanche 2 septembre 2012

2 : LE SOLEIL DANS LA BOUCHE

JUSQU’À ROSCOFF




Соңкөл, transcrit Son Koul, ou Song Köl, est le second plus grand lac de Kirghizie, long de 29 km et large de 18, pour une profondeur de 13 mètres. C’est un lac de haute montagne à une altitude de 3016 mètres, entouré des sommets des Monts Célestes qui dépassent 4000 mètres. Il est pris par les glaces la moitié du temps. Les cols qui en permettent l’accès, au-dessus de 3000 m, ne sont ouverts que quatre mois par an.
En été, les pâturages de la cuvette qui l’entoure nourrissent des milliers d’animaux domestiques, chevaux (3021), bovins (2991), et ovins (40.012).




Au réveil, la brume est devenue brouillard. Nous n’avons plus l’espoir de voir la splendeur du lac dans son écrin de chaînes enneigées.
A l’instigation d’Yvon, nous avons prévu une balade à cheval. Etre deux pour ce voyage a beaucoup rassuré Sylvie qui m’a vu partir sans souci, et voilà qu’il me fait prendre un risque comme jamais je n’ai osé !  Ma seule expérience avait duré 15 secondes, il y a 15 ans.
Non, pas vrai ! Je me suis déjà hissé deux fois sur un cheval, et plus de 15 secondes, depuis mon arrivée dans ce pays. La taille comme la placidité de ces deux chevaux n’avaient rien d’effrayant. Depuis quelques jours, j’ai eu le temps de me faire à cette idée qu’Yvon avait émise sans en avoir l’air.



Mais je préviens quand même le « palefrenier » que je suis novice en la matière. Du coup, je vais hériter d’un canasson si placide, que je vais baguenauder loin derrière Yvon, malgré mes coups de talons sur les flancs de la bête, et mes injonctions sonores répétées « djouit, djouit ».
Mon cheval et mon maître d’équitations sont exclusivement kirghizo-russophones, et moi je sais dire « bistro », mais je n’ai pas l’accent : il n’y a pas entre nous de communication verbale.  


 Là-bas, notre maître en équitation et Yvon.
Qui a pris la photo exigeant une main libre ?


Après avoir voulu à tout prix passer sous une corde à linge trop basse pour moi, et avoir presque arraché les poteaux, nous gravissons les contreforts qui cernent le lac pour une vue dominante, malheureusement brouillée et limitée aux berges.
L’absence de soleil, l’humidité et le vent frisquet exigent des vêtements chauds. Notre chevauchée n’a rien d’une cavalcade endiablée, mais c’est quand même très agréable d’être le sac porté, et non le portefaix sous le sac.

 
La femme de notre guide


Comme la plupart des femmes et quelques hommes,
ses dents rutilent de tout leur or.

L'autorisation de faire un portrait est presque toujours accordée. Par contre, la pose exige beaucoup de sérieux de la part du modèle. Il fallait expliquer que nous voulions un grand sourire, et notre franchise allait jusqu'à expliquer que nous nous intéressions à... la dentition !
Par contre, Yvon n'osait préciser que c'était pour en importer la mode en Occident.


Dans sa yourte, le koumis macère dans un gros tonneau, et non dans une outre.


La route nous attend. Il faut à nouveau jouer les portefaix, et sortir de la cuvette du lac. Ça veut dire atteindre la passe Moldo Ashuu, à 3346 m. Cette fois le dénivelé est modeste en ascension, mais va être spectaculaire sur l’autre versant.  




Enfin égayée d'un rayon de soleil, la piste en zigzags dévale de plus de 700 mètres sous nos yeux. Lacet après lacet les heures passent, et nous n’avons aucun espoir de dénicher un petit carré horizontal sur les bas-côtés abrupts pour dormir. Il faut atteindre le fond de la vallée avant la nuit. Nous avons à peine le temps de nous installer qu’il se met à pleuvoir, mais nous sommes secs et à l’abri. Les cueilleurs de cassis que nous avons croisés n’ont plus qu’à se réfugier dans leur guimbarde.






1 commentaire:

  1. Quelle bonne idée a Yvon de lancer cette nouvelle mode : ça nous changera de la morosité ambiante et permettra d’avoir un autre sujet de conversation que l’économie européenne !
    Et je pense que nous allons toutes succomber à cette nouvelle tendance : on peut en effet voir ça comme un rayon de soleil.

    Christine de Kersauson

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