mardi 4 septembre 2012

4 : REMPLIR MON CABAS



À LA "BANQUE"




Je me préoccupe de la lumière, des couleurs, du cadrage. Je ne songe pas à me renseigner sur la nature des céréales ! Je peux juste préciser que le grain est versé d'une grande assiette, qu'il ne s'agit pas d'un tamis.
Nous devinons sur la photo qu'il suffit de faire confiance à un petit souffle de vent pour séparer le bon grain de la balle. Peut-être les céréales ont-elles été battues avant cette opération, pour que la balle s'en détache facilement. Peut-être est-ce un dernier tri précautionneux. Sur internet, j'apprends que la balle du blé, du froment, du seigle se détache facilement après battage, contrairement au riz ou à l'avoine.


Dents dorées, perles, broderies, boucles d'oreilles : le raffinement des campagnes kirghizes.



A la sortie de Jangy-Talap, deux époques, une seule architecture.


Dans la plaine, l'activité agricole bat son plein.



Le Syr Daria, en brun, naît au confluent de la rivière Naryn, en bleu, et du Kara Daria, en vert.

La rivière Naryn, longue de 850 km, traverse presque tout le Kirghizistan d'est en ouest. Elle constitue la source principale du Syr Daria, le seul fleuve qui atteigne encore la mer d'Aral.
Nous franchissons la rivière, très large de ses nombreux méandres, sur un pont qui annonce la route asphaltée. Les voitures vont être un peu plus nombreuses, quatre ou cinq à l’heure. 


 
La rivière vue du pont.


La route va s'écarter rapidement de la rivière que nous ne verrons plus.


Un jeune paysan, Béguim de son prénom, sort de son vieux tracteur russe, avec lequel il fauche la luzerne, pour nous inviter. Mais il nous faudrait rebrousser chemin sur dix kilomètres pour nous rendre chez lui, et nous n'avons pas trop envie de respirer les gaz de son tracteur. Nous le photographions pour le consoler.




Beguim


La route devient monotone, la rivière a disparu loin derrière ses berges desséchées.



Après une réserve ornithologique marécageuse, nous quittons la route qui relie les villes de Naryn et Jalal-Abad. Nous atteignons le village d’Ügüt, dont la longue rue est bordée des clôtures habituelles, brunes ici, avec des losanges blancs.




Le magasin s’ouvre, comme une banque, par un unique guichet sur la rue, renforcé d’une grille à travers laquelle on s’adresse à la marchande. Les achats choisis empruntent le même chemin.
Pour nous qui manquons encore de vocabulaire, il faut désigner l’objet désiré de loin. Parce que je néglige mes lunettes en cet instant, cela implique des allers et retours de la marchandise entre les étagères floues et le guichet.
Yvon ne m’est d’aucune aide, accaparé par le quiproquo d’une conversation où il croit avoir gagné une invitation, alors qu’il est requis pour offrir une bouteille de vodka. Son interlocuteur tente de le convaincre par la modestie du prix, 65 soms, soit à peine plus d’un euro, moins cher que le Coca-Cola kazakh.
Je sais déjà dire "eau non gazeuse", mais pas encore savon, ni rasoir, "thé" oui, mais "bonbons" non… Cela ne m'empêche pas de remplir mon cabas !

Nous consommons en effet des bonbons comme tout un chacun ici, au point de ne plus nous contenter de les ramasser par poignées sur les tables, mais de les acheter par gros sachets !
"Les bonbons nous stimulent sur la route." 
Est-ce un bon alibi ? Oui !
Dans son journal, Yvon explique notre rythme : "En général, nous faisons une heure et demie de marche le matin avant la première pause, puis nous marchons une heure avant la seconde pause du déjeuner. Ensuite nous marchons par demi-heures jusqu'au soir."
Traduction 1 : plus le temps passe dans la journée, plus il faut nous stimuler.
Traduction 2 : "Bonbon acidulé, horizon dégagé", dicton kirghize n°27.




Les jardins sont des vergers de pommiers. Nous quémandons deux pommes à une femme qui sort de chez elle.  Cette fois, nous savons dire « pomme », car le mot figure dans le nom de la capitale du Kazakhstan : alma. A l’aide d’une gaule, elle en fait tomber six, et nous les offre, mais refuse d'être photographiée.


Le feu vespéral au bord de la rivière Terek, entre Ügüt et Baygönchök.



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