samedi 22 septembre 2012

22 : SEPTIÈME ALLÉE

À  DROITE OU À GAUCHE ?

Le bazar Dordoy, à sept kilomètres du centre-ville, est gigantesque au point d'occuper 35.000 personnes ! Il est constitué de milliers de containers ferroviaires empilés sur deux niveaux et répartis en 18 longues allées de différentes couleurs, permettant en principe de s'y repérer. Le container inférieur abrite la boutique, et le supérieur sert au stock. Une gare dessert ce poumon économique.
Nous nous y sommes perdus, tournant en rond sans trouver d'issue, comme tous les étrangers qui ignorent la signification des couleurs, et ne savent même pas dire "sortie", ni "droite", ni "gauche", ni compter au delà de cinq.



Dans l'allée jaune, le marchand ambulant qui presse en moulinant les grenades pour vous en vendre le jus, participe à l'embouteillage dans la profusion des marchandises. Sur la photo, vous ne voyez plus grand chose de la structure de l'allée.



Voici une des rares allées presque vides qui vous permet de mesurer sa longueur, d'admirer sa couleur bleue uniforme, de constater l'empilement des containers.
Dans ce quartier moins animé, nous sommes suivis par deux gars qui nous ont demandé notre nationalité. Cinquante mètres et deux intersections plus loin, ils sont devenus "policiers", présentent leurs cartes professionnelles et réclament nos passeports. Mon sang ne fait qu'un tour et je les injurie copieusement. Mon vocabulaire n'est ni russe, ni kirghize, ce qui vaut mieux pour eux et même pour nous. Ils déguerpissent penauds. Et si mon flair m'avait trompé ?  



A l'écart dans un hangar, des dizaines d'ouvriers s'arcboutent sur les volants de leurs presses à vis qui écrasent les ballots de tissus, puis les saucissonnent sous plastique.




Nous avons rendez-vous pour déjeuner avec notre colonel. Invités encore une fois, c'est à nous de choisir, en montant en voiture, le plat qui nous tente : lagmane ou plov ? Le lagmane est une soupe de nouilles faites sur place et de légumes revenus dans un bouillon épicé, avec de la viande, alors que le plov est du riz cuit à la vapeur avec carottes et viande. Nous choisissons le premier, et nous voilà partis loin aux confins de la ville pour le déguster dans le restaurant spécialisé. Tellement bien spécialisé qu'il n'offre rien d'autre, à part les éternels mantys. Nous allons boire du kvas, boisson de pain fermenté parfumée avec des fruits ou des baies : le nôtre ressemble à du coca-cola sucré. Le colonel mange à toute vitesse. En une course contre la montre inexpliquée, nous n'avons pas le temps de déguster le mets. Nous sommes des journalistes consciencieux, nous notons que le repas de midi s'ingurgite au lance-pierre. Dans les restaurants, nous le réalisons maintenant, les serveurs desservaient notre table à peine la dernière bouchée avalée. Et nous, nous traînions... 




Sur la place Ala-Too, c'est la relève de la garde. Les deux militaires, armés de leurs baïonnettes étripeuses, quittent au pas de l'oie leurs bocaux de verre sous le drapeau. Ils sont remplacés par deux collègues qui vont s'y figer comme des momies pendant des heures. Je me demande comment je me servirais de ces baïonnettes s'il le fallait. Je ne cesse de diagnostiquer des lacunes dans mon éducation...


Derrière les bocaux de verre,
se monte une yourte familiale à sept chambres en alcôves séparées.
Malheureusement, nous ne serons plus là demain pour en voir la réalisation terminée.



Nous assistons à la répétition par des centaines d'enfants d'un spectacle mis en musique sur l’Épopée de Manas. La place a été fermée à la circulation, le soleil est de la partie, tout le monde s'amuse bien. De fait, la synchronisation semble beaucoup plus fantaisiste qu'en Corée du Nord, malgré l'implication tonique des chorégraphes. Attendons le jour J pour l'apprécier.




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