lundi 17 septembre 2012

MANNEQUINS KIRGHIZES



 ET MOI, ET MOI, ET MOI !


 

Les mails écrits sur place, c’est bien mieux que le journal a posteriori. Même si le temps était bref sur les claviers et m’a empêché de compter au-delà de quatre sur ce sujet : les femmes kirghizes. Toutes différentes à l'évidence, comme le prouvent ces quelques photos.



Dans le bazar d’Och à Bishkek, j’ai répertorié quatre catégories de femmes !


Cette photo est là surtout pour l'arrière-plan...


Une preuve pour la couleur des chaussettes de la babouchka !
Colorées mais bien assorties cette fois.





Bien sûr, voici en priorité la babouchka, qui peut être nettement plus jeune que moi.
Moi c’est quelque chose comme dédouchka, j’ai oublié déjà.
La babouchka est vêtue d’amples jupes et d’une veste ou d'une tunique, tout ça coloré.
Elle a un fichu sur la tête (on ne dit pas un voile).
Ce qui est bizarre, c’est que ces trois éléments sont assortis pas si mal, et par contre les chaussettes, c’est comme si ça ne comptait pas. Par exemple : veste, fichu, jupe en divers verts plus ou moins chatoyants, et chaussettes type tricot en rose fluo sur claquettes bleu pétrole !
C’est comme ça qu’on reconnait la babouchka...
Elle est plutôt gaie quand elle n’a pas un souci avec un marmot pendu aux jupes.
Et des bagues ! J’en ai même photographié, des bagues, dans le minibus, sur ma voisine.





L’étudiante c’est le top, évidemment !
Cheveux aile de corbeau, vous savez, ces corbeaux qui brillent tant qu’ils sont bleu nuit dans le soleil. Cheveux lisses et souples et ondoyants !
Mais lisse aussi le visage : en persan on dit visage de lune, et j’ai compris pourquoi. Ce n’est pas qu’il soit rond, c’est qu’il est lumineux car il porte très peu d’ombres. Et ça, c’est à cause des yeux : les yeux ne sont ni cernés ni enfoncés dans les orbites. Parce que les yeux sont un petit peu bridés.
Et l’étudiante est vêtue toujours de blanc et de noir. L’étudiante est assez lumineuse pour négliger les couleurs, et elle passe avec un peu de vent dans les cheveux.


Verrez vous malice dans ce choix : Yvon avec la babouchka et moi avec l'étudiante ?
L'étudiante en vacances se permet des fantaisies de coloris.






  
Il y a la russe. C’est presque une énigme. La russe a une lueur de vacuité dans le regard.
Et ça, c’est très fort ! Essayez pour voir :
- une lueur, cela signifie une présence. Elle est (verbe d’existence). Ainsi, la russe est. 
C’est comme un ego à la mode freudienne. Elle est, et elle a lu tout Dostoïevski. 
Et probablement Gogol à cause d’une histoire d’âmes.
- Mais elle sait éteindre son regard. C’est qu’elle a probablement une désillusion. 
Passagère ou non. Sur vous ou non.
Malgré tout elle reste blonde, bleue d’yeux, et assez court vêtue avec une peau nacrée.
Finalement, on la repère de loin, et on a le temps de clignoter des yeux nous aussi.









Et il y a une espèce rare ici, c’est la musulmane affirmée.
Ce n’est pas très difficile : il suffit d’avoir une cagoule qui cache le cou, et les cheveux.
De s’habiller des pieds à la tête, et des poignets au cou, dans des voiles pastel, et de ne pas utiliser de claquettes. C’est un peu ostentatoire comme tenue, mais ce n’est pas le but, je crois.
C’est plutôt une question de conviction même si cela se focalise sur des détails secondaires, et nous aurions tort d’en faire tout un foin, ça n’a pas beaucoup d’importance ici. D’ailleurs même si elles s’habillent comme ça, cela ne m’empêche pas de leur adresser la parole.
J’ai dit que le bazar est un dédale. Les venelles sont étroites et encombrées. Et moi, j’ai le nez en l’air. Je sens bien que ma jambe accroche quelque chose, mais ne réalise pas vite que c’est un pied... Le pied d’un mannequin ! Par chance, un mannequin islamique.
Ensuite c’est trop tard pour appeler Yvon, le mannequin me tombe dans les bras. Je crois pouvoir l’enlacer (pour la soutenir !) quand d’émotion elle se désarticule et perd son bassin.
Comme la coureuse olympique française de 400m, en pire, car ce n’est pas une métaphore.
Bref, je ne tiens plus qu’un buste et ses longues fringues, les jambes se font la malle. 
Et profitent de cette liberté pour basculer sur le mannequin islamique voisin qui en percute un troisième.
Me voilà embrassant une femme voilée, alors que deux autres entières et une demie se tordent à mes pieds. Les deux entières sont bientôt en quatre morceaux...
Et tout ça avec des mètres de tissus de velours sur lesquels je piétine.
La tête de la commerçante !!! Voilée des pieds à la tête ! 
Et qui prend la lueur de vacuité à la russe ! C’est incroyable : comme une mutation génétique ! 
Je suis déjà mal, et me voilà interloqué.
Et moi avec mon russe restreint : « je suis un peu malade, un peu malade, je vous en prie, je suis français. » Comme si c’était une excuse à tout... (Ça l’est souvent, et c’est accepté)
Bref, pour la consoler, Yvon remets tout le monde sur pieds, avec une grande dextérité.
Il rit avec la marchande. Je m’enfuis... C’est le bazar ! 




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