mercredi 15 août 2012

NOS TRACES SUR LES LEURS


Si j’ai choisi ce nom de Kirghizie, c’est parce qu’il a un petit côté désuet d’atlas géographique et qu’il évoque des explorateurs hors du commun tels Pyotr Semyonov, Nikolaï Prjevalski puis Ella Maillart.
Avec plus de respect que les français pour la transcription du nom officiel du pays, les anglais écriront Kirghizstan, quand nous optons pour Kirghizistan.
C’est un petit pays d’Asie Centrale, à 85% montagneux, qui couvre à peine 30% de la surface de notre France, et compte moins de 9% de notre population.

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Nous avons choisi de le parcourir à pied à partir de Bichkek, la capitale proche de la frontière kazakhe, jusqu’au lac Chatyr Koul, proche de la frontière chinoise : à vol d’oiseau cela représente à peine 250 kilomètres. Nous ne sommes pas des oiseaux, et si nous avons peiné sur ce parcours, c’est simplement parce que les chaînes des Tian Chan, les Monts Célestes, sont depuis toujours orientés sur un axe est-ouest. Et vous avez lu le titre que j’ai choisi...
Cela a quelques conséquences pratiques et évidentes : il faudra passer des cols, il faudra faire des détours, il faudra accepter que ce soit mon voyage le plus épuisant.
Les cols seront au nombre de six, aux environs de 4000 mètres d’altitude, presque toujours adoucis par un ciel favorable, les détours seront propices aux rencontres, l’épuisement sera contrebalancé chaque soir par une petite flambée culinaire réconfortante.
Et quand on déambule dans les Monts Célestes, on réveille bien sûr tous les appétits sur les traces confondues des caravanes et des aventuriers.

Le ciel favorable est là-bas un ciel imprévisible, mais, si nous allons parfois nous plaindre du froid, par chance, nous ne monterons ni ne démonterons jamais la tente sous la pluie.
Les rencontres nombreuses et variées seront toujours extraordinairement généreuses, malgré l’obstacle de la langue, et même propices aux progrès linguistiques.
Le foyer de pierres, où nous ferons brûler racines et bouses quand manqueront brindilles et branchages, sera tous les soirs un moment de réconciliation avec le voyage pour nos épaules endolories. Et nous cuirons ou grillerons avec enthousiasme en salivant d’avance rhubarbe rouge, patates sous la braise, poissons des lacs et compotes de pommes.



J’ai aussi pris ma revanche sur les « échecs » du Pamir : j’ai consommé la rhubarbe et les argouses, j’ai franchi le glacier d’Alamédine pour oublier le Grum Grjimailo, j’ai perdu un kilo de moins, je ne me suis pas posé de questions métaphysiques et je n’ai pas modifié mon vol de retour…

Et pour une évocation de la Perse Sassanide, riche de ses gnoses et de l’accueil des hérétiques duophysites venus de Constantinople, le périple se terminait au sud de Tach Rabat, où le caravansérail avait été bâti sur une église nestorienne : nous étions là sur les routes de la soie qui véhiculèrent autant d’idées nouvelles que de trésors commerciaux.
Et le drapeau du pays, vous le voyez, est bel et bien tissé de soie rouge dans le soleil !


Le symbole central évoque le tunduk, l'orifice sommital de la yourte, 
et chaque rayon représente un des clans originels kirghizes.  

Jour après jour, je vais tenter de vous raconter les mille détails quotidiens, en quelques mots, comme si nous étions encore sur le chemin. Suivez-moi, ça commence demain…

1 commentaire:

  1. Voilà qui nous promet un beau voyage
    Comme si on y était; tournant les pages
    D'internet, jour après jour, ici ou là...
    Merci, Pierre, nous te suivrons pas à pas.

    Cathy

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