mercredi 29 août 2012

29 : LOUPS OU CHÈVRES

LESQUELS SONT LES PLUS NOMBREUX ?  


Nous sommes conviés au petit-déjeuner chez les bergers : plâtrée de pâtes, pommes de terre, oignons et nouilles, reliquat probable du dîner de la veille. Cela nous cale bien l'estomac pour affronter d’emblée un gros dénivelé, vers "les sommets".


Auparavant, je vais tester les toilettes à trois cloisons, 
qui exigent des dispositions d’acrobate sur trois rondins, 
mais offrent une vue superbe sur la montagne. 


 
Où est le sentier de chèvre ?

Au cœur des montagnes, pour communier avec la nature et les nomades isolés, nous avons choisi un itinéraire non balisé, sur un sentier de chèvre. La carte détaillée est vierge pour les deux prochains jours, striée seulement de courbes de niveau en zigzags serrés. Nous visons un col, Donguz ashuu, qui doit nous permettre de franchir la chaîne des Kabak-Too, peu fréquentée, et redescendre ensuite vers le lac Song-Koul. La difficulté sera de suivre le "sentier de chèvre", car ici tout relief est zébré des traces de troupeaux en liberté.
A moins que ce soit celles des loups, qu'il faut faire fuir !


 Les épouvantails à loups



 
Encore une outre à koumis très séduisante

 
Sur le chemin, une tente, puis une cabane en bois nous reçoivent avec beaucoup de sourires et d'attentions. Dans la première, nous rencontrons un petit garçon affectueux et sa mère réservée avec bonhomie, toute vêtue de rose. Dans la seconde où un jeune cavalier nous a accompagnés,  son père très souriant porte l’ak-kalpak, et sa mère très myope s’évertue à faire des efforts de conversation. Jusqu’à présent, nous n’avons pas vu de lunettes, mais avec sept dioptries, elle n’a pas le choix. Sa cabane est très bien tenue, ses kourouts parfaitement blancs et sphériques, et j’en déduis que sa correction optique est bien adaptée. 




 Père et fils

 L'itinéraire soigneusement dessiné par Souioumbek

Le trajet suivant va être une épreuve d’endurance. Grâce à Souioumbek, nous avons bien compris qu’il fallait passer entre deux rangées de pins, nous distinguons parfaitement la silhouette du col qui nous attend, la carte confirme le trajet et les courbes de niveau… et pourtant nous choisissons une autre option, plus escarpée, sous prétexte qu’aucune trace de pas n’apparaît entre les rangées de pins. Mal nous en prend, car nous sommes vite exténués sur une pente en escalier qui n’en finit pas, et exige des pauses de plus en plus fréquentes, et de plus en plus longues. Si longues qu’un blaireau vient flairer les chaussettes d’Yvon, et se fait tirer le portrait avant de s’en retourner chez lui.




Nous sommes lessivés, fourbus, et épuisés au point que nous n’allons pas tarder à le payer.

Nous choisissons un abri dans un bosquet de pins, qui débouche sur des précipices. J’ai des vertiges sans aucun lien avec ces précipices en installant la tente, et pas même la force de dîner. Je me couche alors qu’Yvon est plus vaillant. Mais il ne dormira pas : je vais me lever douze fois en catastrophe pendant la nuit, sans même le temps de me chausser, dans un état d’hébétude fataliste au point de perdre ma lampe frontale (je ne verrai pas briller les yeux des loups !). Mais j’ai une chance inouïe, il ne pleut pas, le sol est meuble, la nuit est claire, et je ne plonge pas dans le gouffre. 
Au matin, je tiendrai debout… presque.
Je me demande comment j’ai pu rédiger mon journal, que voici, ce soir-là.




2 commentaires:

  1. jeannine dantec( Plougastel-daoulas)15.10.12

    C'est un grand plaisir de découvrir ce voyage,cette aventure,ces rencontres hors du commun (sans les loups,ouf!)jour après jour
    Jeannine

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  2. Difficile de rivaliser avec Guillaume !
    Difficile aussi d'avoir le temps de voyager sur deux chemins...
    et de faire ses propres valises en plus !
    Mais ces chemins vont bientôt se croiser : voilà qui sera intéressant.
    Merci.


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