Entre Kyzyl-Oï et Aral, la vallée de la Kökönieren
fait la joie des géologues. Nous rencontrons une première équipe internationale
d’étudiants qui découvrent les sites, livres et photos à l'appui, avec un professeur américain. Plus loin, une seconde
équipe, russe, plus terre-à-terre, est occupée à des prélèvements dans les
falaises rouges. Pour nous, la vallée est surtout spectaculaire et colorée.
Petit test pour vous : qu'allons-nous faire ici, à votre avis ?
Ce coude de la rivière, offre une vraie plage de sable fin inattendue,
où le courant est bien atténué. C’est le coin idéal pour se baigner, désert à
cette heure, mais certainement réputé dans la région si l’on en croit les
déchets abandonnés. Eh bien, pour nous qui voulons nous distinguer, il manque un peu de piment, nous faisons la fine bouche, et nous ne
mettons pas un pied dans l’eau malgré l’invitation du soleil.
Au bord des pistes, nous rencontrons fréquemment des tombes isolées, et nous imaginons des accidents. Comme dans les cimetières, nous y voyons la photo de la victime. Ici, Pavel, bon chrétien orthodoxe de 55 ans, qui portait une chemise à carreaux sans cravate sous sa veste à revers, a perdu la vie en 1980. En novembre la piste est certainement verglacée, et il est peut-être mort de froid dans la rivière, après un tête-à-queue. Requiescat in pace.
A Aral, sur le banc d’un abribus qui lui tourne le dos, nous attendons l'ouverture du
magasin. Elle nous a été promise d’ici dix minutes par les gars
qui traversaient la rue avec leurs fourches. Nous ne sommes pas sûrs d’avoir bien
compris, mais l’un d’entre eux semble parti à la recherche de la
marchande, qui serait allée boire son thé. L'interprétation est peut-être trop optimiste, mais non, nous avions tout saisi correctement, la voilà
qui arrive. Pourtant j'ai bien vu qu'il manquait une demi-dent à l'une des fourches, et ça ne m'inspirait pas tellement confiance.
Comme ici, le décor de l'abribus est souvent traditionnel, mais il sera parfois plus idéologique, et on y trouvera encore des faucilles et des marteaux, ou des colombes de la paix. Derrière l'abribus, en agrandissant la photo on peut lire "magazin" à gauche et "benzin" à droite. L'essence est curieusement vendue un peu n'importe où, car il y a peu de stations-service en dehors des villes : ainsi les particuliers proposent eux aussi la " бензин " sur un petit écriteau fixé à leur clôture.
Hélas, à première vue le magasin est démuni de l’essentiel.
Comme toujours il regorge de bonbons et de petits gâteaux qui occupent des rayonnages
entiers, mais nous n’y trouvons ni pain, ni raisins ou abricots secs qui sont notre manne.
Seul miracle : des piles électriques pour lampe frontale !
Mais en cherchant jusque dans la réserve il y a des carottes… c'est un légume qu’il semble inhabituel d’acheter quatre par quatre. Ben, nous, c’est quatre, on en veut quatre ! Et nous voilà qui insistons avec les doigts d’une seule main : une, deux, trois, quatre ! Nous sommes butés, et n'en démordons pas. Il y a un peu de fatalisme dans l'air, et nous en aurons bel et bien quatre. Yvon déniche aussi un sac de cacahuètes.
Par pudeur, j’ai omis de mentionner l’achat de « notre bière »… « Notre bière » est LA bière nationale, et franchement, je n’aurai pas grand mérite à y renoncer rapidement. Nous buvons celle-là sur les marches extérieures du magasin.
Seul miracle : des piles électriques pour lampe frontale !
Mais en cherchant jusque dans la réserve il y a des carottes… c'est un légume qu’il semble inhabituel d’acheter quatre par quatre. Ben, nous, c’est quatre, on en veut quatre ! Et nous voilà qui insistons avec les doigts d’une seule main : une, deux, trois, quatre ! Nous sommes butés, et n'en démordons pas. Il y a un peu de fatalisme dans l'air, et nous en aurons bel et bien quatre. Yvon déniche aussi un sac de cacahuètes.
Par pudeur, j’ai omis de mentionner l’achat de « notre bière »… « Notre bière » est LA bière nationale, et franchement, je n’aurai pas grand mérite à y renoncer rapidement. Nous buvons celle-là sur les marches extérieures du magasin.
наше пиво = naché pivo = notre bière
Ce soir et demain, nous allons suivre une piste en cul-de-sac, qui continue à
longer la rivière Kökönieren, et dessert le village minier de Min-Kouch. Les premiers
kilomètres sont ombragés et le chariot roule sur du velours, mais le trafic des
camions qui descendent des mines soulève une poussière désagréable. Par prudence nous masquons nos nez autant que
possible, car, souvenez-vous du chapitre 12, nous approchons du tchernobyl local, et nous ne voulons pas inhaler de "particules" !
A distance suffisante de la piste, voilà le site idéal pour dormir, au-dessus de la rivière,
dans un petit bois où les buissons bas sont couverts de baies orange. Encore une
fois, un feu d’enfer occupe notre soirée.
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