jeudi 23 août 2012

23 : UNE GRAND-MÈRE



À POIGNE !
 
 L'ak-kalpak est ce chapeau de feutre blanc, conique, à revers noirs, brodé de motifs végétaux.

Au réveil, nous aiguisons la curiosité d’un cavalier coiffé de l'ak-kalpak traditionnel. Comme en Iran ou dans le Pamir, notre moyen de locomotion nous vaut une réprobation apitoyée. Ici, au pays du cheval, elle me semble presque justifiée. J’en suis à me demander si je ne manque pas d’imagination à déambuler toujours sur mes propres jambes. Yvon a déjà une idée derrière la tête…

L'ak-kalpak figure sur le timbre de 6 soms


La première yourte sur notre chemin héberge, dans la journée, trois générations. Nous sommes d'emblée conviés au thé du petit-déjeuner, avec un bol de lait caillé. Nous découvrons trois sortes de beurre, du plus onctueux au plus granuleux, et je préfère le premier.






  Les hommes partent travailler, 
la grand-mère, très énergique, nous initie à la traite favorisée par une tétée initiale du poulain.
Ensuite le poulain comme le gamin sont vertement houspillés, 
pour débarrasser le terrain.



La belle-fille peaufine ses kourouts avec beaucoup de soin. 
Nous n’en verrons jamais de mieux calibrés. 
Ils sècheront au soleil dans le grand plat, puis dans ce filet.



 
    

Yvon remplit à nouveau sa bouteille de koumis, contre quelques soms.
Dans cette yourte raffinée, voyez les motifs caractéristiques qui courent au-dessus de la natte.
Ici, l'outre de peau a droit à une élégante couverture protectrice.
Ce koumis dans sa peau de mouton plaira forcément beaucoup à Yvon.





Au-delà du pont et sous la yourte suivante, 
chez quatre jeunes kirghizes qui se donnent les airs affranchis d'un modernisme éclairé,
nous buvons à nouveau le thé au lait comme si nous étions encore assoiffés.
La jeune mère a déjà deux enfants. 



En fin de journée, nous voilà devant un ancien kolkhoze dont les bâtiments sont en ruines. A l’époque soviétique, les troupeaux mis en commun y trouvaient des stalles pour l’hiver. Maintenant, les nomades ont repris leur mode de vie ancestral individuel, et le foin seul se trouve entassé là en gigantesques meules aux silhouettes de maisons.
Nos réflexes nous trahissent et nous tendons la main à la femme qui est venue à notre rencontre, et qui s’en trouve un peu désarçonnée. Nous aurions dû nous contenter de dire "salâm", en posant la main droite sur le cœur s'il y faut un peu de ferveur... 



Le soir, nous déracinons à la cuiller tous les pissenlits épineux qui nous auraient piqué les fesses à travers le tapis de la tente. Nous nous efforçons toujours de la poser sur un plan strictement horizontal pour ne glisser ni à droite, ni à gauche, ni vers les pieds : cela exige un test préalable, et je me couche moi-même sur le sol avant toute installation, par précaution. Le confort nocturne est primordial !  


2 commentaires:

  1. Je viens de lire 8 chapitres d'un coup.
    C'est très intéressant.
    J'ai l'impression de voyager.
    Je suis surprise par le bon accueil des habitants, car ils pourraient être méfiants, face à ces étrangers.
    Et finalement, la réserve vis-à-vis des plats locaux, s'estompent au fil des jours.
    Vous semblez apprécier certains plats...

    Cathy

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  2. Brigitte RABEISEN9.10.12

    Loin de tout, confort plus que précaire, et ils sont heureux tous ces gens. Leur mine est resplendissante.

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